Cannes 2009, Jour 2 : A la queue leu leu…

Cette deuxième journée du
festival était consacrée à la queue. Hé,
mais qu’est-ce que vous allez imaginer, bande de dégoûtants.
Non, rien à voir avec l’éveil d’une jeune fille au
désir et à la sexualité dans Fish Tank,
ni avec la liaison homosexuelle des deux personnages de Nuits
d’ivresse printanière
, les deux films en compétition
aujourd’hui.

Non, je parle de cette saine occupation
qui consiste à rester debout patiemment pendant 1h ou 2h en
stressant intérieurement de savoir si oui ou non, on va
pouvoir accéder à la projection visée… C’était
aujourd’hui l’ouverture des différentes sections parallèles
du festival et il était particulièrement ardu d’y
assister.

Première tentative avec la
Semaine de la critique, et la projection de Rien de personnel,
dont ceux qui l’ont vu ont dit le plus grand bien. Plus d’une heure
de queue… pour rien… Salle du Miramar archi-complète…

Deuxième tentative à la
Quinzaine des réalisateurs. Deux heures et demi d’attente…
pour rien! Cela dit, là, ça s’apparentait à une
mission impossible vu que c’est Francis Ford Coppola qui faisait
l’ouverture, avec son autobiographique Tetro. Et quand
une pointure est invitée au Palais Stéphanie (l’ex-Noga
Hilton), cela signifie que la presse se déplace en masse et
qu’il ne reste plus une place de disponible pour tous les autres,
badgés ou même payants…


Dernière chance avec l’ouverture
de Un certain regard. Là, on ne pouvait pas dire que ça
se bousculait. Il faut dire que le cinéma iranien n’est pas
celui qui attire le plus le public. A tort, car Les chats
persans
, nouveau film de Bahman Ghobadi est assurément
une bonne surprise. Malgré un manque de moyens évident,
ce portrait de la scène rock et pop iranienne, forcément
«underground» puisqu’interdite par le régime
islamiste ressemble à un croisement improbable entre
Persepolis et Les Commitments
et véhicule aussi bien un message subtilement
politique qu’une énergie communicative.

Autre film présenté dans
la section, Air Doll est une fable fantastique signée
Hirokazu Kore-Eda, où une poupée gonflable se
transforme en femme bien réelle et découvre avec un
regard innocent la société japonaise contemporaine, et
les âmes solitaires qui y évoluent. Si on ne retrouve
pas ici la  perfection du récent Still walking,
on reconnaît toutefois la patte du cinéaste aussi bien
dans la subtilité de la mise en scène que dans les
thématiques abordées : vieillesse, rapports familiaux,
cruauté du monde du travail, poésie des petites choses
de la vie…

En compétition, projection du
second long-métrage d’Andrea Arnold, Fish Tank.

Il raconte le passage à l’âge
adulte d’une adolescente de quinze ans, forte tête en colère
contre elle-même, contre son entourage, contre le quartier
pourri dans lequel elle habite, typique des banlieues populaires
britanniques.
Elle déborde d’énergie et
l’emploie soit à danser, soit à effectuer les pires
bêtises. En attendant, de faire exulter son corps d’une autre
façon…

A mi-chemin entre les courts-métrages
de ses débuts – on pense un peu au multi-primé Wasp
– et le côté sombre de son premier long, Red
road
, ce film véhicule une certaine tension et révèle
l
e talent d’une jeune actrice prometteuse, Katie Jarvis, qui se pose
déjà parmi les favorites pour le prix d’interprétation
féminine.

Autre film en compétition, Nuits
d’ivresse printanière
marque le retour à Cannes
du chinois Lou Ye. Ce dernier, qui a déjà connu bien
des problèmes de censure avec son dernier film, Une
jeunesse chinoise
, persévère dans la voie de la
provocation avec cette histoire de liaison homosexuelle dépeinte
de façon assez crue, et une certaine critique sociale en
arrière-plan.

Le problème, c’est que
l’homosexualité est (un peu) moins tabou en occident et que
ce film très lent et un peu confus s’avère hélas
bien trop ennuyeux.

Ce n’est pas mauvais, loin de là
– il y a même quelques scènes très réussies
et l’ensemble dégage une certaine poésie – mais ce
n’est pas transcendant non plus…

Suite de la compétition demain
avec un film asiatique qui s’annonce un peu plus remuant, le Thirst
de Park Chan-Wook, et le nouveau Jane Campion, en espérant
faire moins la queue et voir plus de films…

Cet article a été publié dans Festivals. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire