Cannes 2009, Jour 3 : Les parapluies de Cherb… euh… Cannes


Il
est des réveils plus agréables que le bruit du tonnerre
et de la pluie battante.
Pour le troisième jour du
festival, c’est un véritable déluge qui s’est abattu
sur la Croisette.
Entre l’humidité et l’air
glacial soufflé par la clim’ dans les salles, les premiers
éternuements et de sonores quintes de toux ont commencé
à se faire entendre.
Brrrr… De quoi faire naître une
certaine paranoïa, avec cette population internationale et la
menace de la grippe porcine dont les média faisaient écho
avant le festival – maintenant je ne sais plus trop, car pendant
quinze jours, les infos cannoises tournent surtout autour du
cinéma…

D’ailleurs, il était question de
maladie dans les deux films en compétition.
Bright Star
raconte les dernières années du poète
anglais John Keats, de sa rencontre avec Fanny Brawn, celle dont il
fut profondément épris, jusqu’à sa mort, de
tuberculose. Le film, très classique
formellement, contient quelques belles scènes et marque le
retour au premier plan de Jane Campion. Malheureusement, il n’est pas
aussi bouleversant qu’il aurait pu l’être, moins en tout cas,
qu’Un ange à ma table ou La leçon
de piano
, auxquels on pense forcément. Il confirme aussi le potentiel de la
jeune Abbie Cornish, qui ressemble beaucoup physiquement à un
mix entre Nicole Kidman et Katie Holmes.

Thirst-Ceci est mon sang,
parle lui aussi de maladie, mais de manière plus frontale…
et plus gore. Park Chan-Wook livre une amusante variation sur le
thème du vampirisme et nous entraîne dans une relecture
très personnelle de… «Thérèse Raquin»
de Zola !
On est loin de la rigueur de Old
Boy
ou Sympathy for Mr Vengeance, mais là
aussi, on reconnaît bien la patte du cinéaste et son
goût pour la provocation.

A la Quinzaine des réalisateurs,
projection du nouveau film de Pedro Costa, Ne change rien!
Et justement le cinéaste portuguais n’a rien changé de
son style de mise en scène : longs, longs, très longs
plans fixes, dans un noir et blanc très sombre, pour montrer
pendant près de deux heures les vocalises de Jeanne Balibar,
au moment de la préparation conjointe d’un de ses albums de
chansons et d’un spectacle lyrique autour de «La Périchole»
d’Offenbach. Effet lénifiant garanti, mais il y a plus
désagréable comme berceuse…

Second film présenté,
Humpday,
une comédie au point de départ assez drôle,
où deux amis d’enfance, un soir de beuverie, se lancent le
défi de coucher ensemble, pour les besoins d’un film porno
amateur. Certaines scènes sont assez amusantes et les
comédiens sont sympathiques, mais le long-métrage de
Lynn Shelton est hélas un peu trop bavard et finalement assez
plat. Dommage.

Dernier film présenté,
Yuki et Nina marque
les débuts derrière la caméra d’Hippolyte
Girardot. L’acteur français s’est associé au
réalisateur japonais Nobuhiro Suwa pour livrer cette jolie
chronique sur la séparation d’un couple, vu à travers
le regard espiègle de deux gamines de dix ans
Le début est plein de fraîcheur
et d’énergie, porté par les deux adorables jeunes
actrices et par des comédiens plus confirmés, tels
Girardot lui-même ou la trop rare Marilyn Canto. La seconde
moitié, un peu plus abstraite, est hélas bien moins
convaincante.

Dans la section Un certain regard, un
buzz s’est créé autour de Precious, film
qui a déjà remporté des prix au festival de
Sundance sous le titre Push.  Je n’ai malheureusement pas eu
l’occasion de le voir, car il y avait foule pour les deux projections
de la journée. Tant pis…

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